Ébahi.

La nouvelle année dans une île. Bretonne. Presque la plus petite (1/2km2). À 1 heure de bateau du continent. En face de la Pointe du Raz. Plate comme une planche à repasser. Elle culmine à 9m. Certain-e-s disent 6m… L’île de Sein.
De la « grosse mer », du vent, l’incertitude permanente sur la venue du bateau. 4 jours sans bateau, et donc sans lien avec le continent cette fin 15 et début 16. Notre départ est retardé de 2 jours car la prochaine liaison sera mercredi!
Mais j’avais déjà parlé de Sein dans un article précédent

Vue du grand phare, phare de Goulenez

île de Sein. Quand la mer est démontée, le phare du Gueveur n'est pas à la noce!

C’est un coin incroyable pour blinder les cartes mémoire. Tant au niveau des lumières que des sujets. Ce séjour a été une très bonne moisson d’images de gros temps. Forte houle, du vent, des vagues gigantesques, de l’écume comme de la neige; bref, un grand kif!

 

île de Sein. Bretagne. Finistère.

 

Nous avons essuyé de forts coups de vent, dont un à 125km, des creux de 7-8m, des embruns ressemblants plutôt à des seaux d’eau qu’à du brouillard et des paquets d’écume chargés de « gras » de goémons qui te donne un air serpillère après le nettoyage du sol de la criée…

Le grand pied quoi!

Du coup, j’ai créé un nouvel album, « Tempêtes, grosse mer« , en plus de ceux nommés « île de Sein » et « île de sein au Rolleiflex« , que je complète aussi régulièrement.

À bientôt.

Interprétée, pas truquée!

Tirer une photo… 
Après le développement de la pellicule, il faut tirer les photos. Autrement dit, en partant du négatif transparent, l’objectif est d’obtenir la photo sur une feuille.
Le négatif, comme son nom l’indique, un peu, est l’inverse de la photo finale. Les noirs sont blancs, et les blancs sont…? Noirs! bravo!
Peut-être le sais-tu déjà, mais quand tu pre03052015-IMG_5057-2nds une photo, la lumière passe par l’objectif de l’appareil pour arriver sur la pellicule. Là, des sels d’argent « enregistrent » la quantité de lumière pour la révéler plus tard lors du développement. Si il y a beaucoup de lumière, (de la neige par ex.) ils feront du noir. Et si il y a peu de lumière, (une forêt de sapin) ils feront du banc(*). Ou du gris clair… Tu me suis? Comme sur l’image ci-contre.
(*) plus exactement, ils  ne feront rien. Et seront donc transparents.

Tirer une photo, c’est refaire le même type de processus. Tu projètes le négatif (comme une diapo) sur un papier enduit de sels d’argent qui rendront, après passage dans les bains, exactement le contraire.

Et tu obtiens The Photo:
03052015-IMG_5057-3
Sauf qu’il va falloir la « travailler » un tantinet pour la rendre acceptable. Parce que là, je ne sais pas toi, mais moi j’aime pas.

Déjà, éclaircir l’ensemble. C’est bien trop sombre. Ensuite, ne pas « cramer » le ciel; garder un peu de « matière ».  En éclaircissant, je vais perde du contraste. Il faudra le corriger (choisir le papier avec le bon « grade »). Améliorer la zone des branches et celle du bois empilé qui resteront un peu fade…
Jadis, au labo, il fallait « retenir » la lumière pendant l’insolation du papier qui durait un … certain temps.  Avec les mains ou un bout de carton découpé à la forme voulue, en bougeant pour ne pas trop marquer l’ombre. Certains tireurs « sculptent la lumière, créent une véritable chorégraphie avec les mains« . Ensuite tu passais ta feuille dans les bains de chimie. Révélateur, rinçage, fixateur, rinçage… Séchage… Tu pouvais ensuite apprécier le résultat. Et … refaire!  Avec un temps de pose différent, des masquages différents… Jusqu’à obtenir satisfaction. Ensuite, tu te mettais à table avec un pinceau fin, quelques encres, pour retoucher les diverses poussières et autres poils que tu n’avais pas vus sur le négatif et qui te font de grosses « pétouilles » blanches sur ta photo!

Pétouilles
Les « Pétouilles »

C’était comme ça! Quand ça se passait bien. Et c’est encore comme ça pour ceux qui tirent leurs photos sur papier.

Pour moi, c’est moins contraignant. Car je fais la même chose, mais avec l’ordinateur. Une fois le négatif numérisé, je tire traite (on dit comme ça) mes photos avec un logiciel spécialisé, Lightroom.

Comme je n’aime pas plus que ça m’enfermer dans le noir avec la chimie humide, ça m’arrange bien. Et en restant au sec, les pieds sur la table, le Mac sur les genoux, bien calé dans mon fauteuil, je tire traite mes images. Presque comme avant. Avec les même outils. Néanmoins, il y a plus de possibilités. Et le fin du fin, c’est que tu peux tout essayer, effacer, défaire, refaire, re-défaire, jusqu’à l’obtention de ce que tu voulais.

BP avant apres
© Photo du web. (Tellement copiée-collée que l’auteur-e en est introuvable…)

Si je te dis tout ça, c’est pour m’expliquer; c’est pourquoi une photo qui passe par l’ordi n’est pas forcément truquée. Elle est juste traitée. Développée. Comme avant. Ni plus, ni moins.
Je ne te parle pas de faire sauter des fils électriques,  ôter un bouton disgracieux sur la joue, voire gommer la tête d’âne qui fait le con derrière toi pendant que tu donnais à manger aux pigeons… Non non. ÇA c’est du trucage. Comme modifier photoshoper Brad Pitt pour lui ajouter du bide (c’est rare) ou pour faire croire aux gamines que la mode c’est l’anorexie.
Tu tapes « photoshop avant-après » dans un moteur de recherche et tu as pléthore d’exemple de trucages, de ceux qu’on a tous les jours sous les yeux, dans les magazines et dans les pubs.

Traiter ses images, c’est les in-ter-pré-ter; ce n’est que désirer montrer ce que l’on  vu en déclenchant.

Ému

Dans un article précédent, je citais Gilles Caron comme déclencheur de ma passion pour la photo quand j’étais gamin.

Tu connais Gilles Caron?

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Si, tu le connais. Tout du moins tu as sûrement en mémoire une photo de lui. Non?
Et celle-là? Non plus?

Il était photographe à l’agence Gamma. Il a couvert pas mal de conflits sur la planète, et mai 68. Né en 39, mort, enfin disparu en 70, au Cambodge.  30 ans, et… 30000 photos! La fondation Gilles Caron gère ce fond, inestimable, tant par les sujets que par la qualité des images. Il avait le sens inné du cadrage. Il sentait où se placer, il flairait où aller pour ramener des images fortes; des témoignages. J’avais donc 9 ans quand il a disparu. À cette époque, c’était sûrement le dernier de mes soucis. Puis vint la découverte de la photo. La boite genre « le petit chimiste » avec un appareil photo à fabriquer. L’intérêt GilesCarongrandissant pour ce média extraordinaire m’a fait regarder de plus près les revues qui trainaient sur la table du salon. Je suis tombé sur des images de mai 68, faites par Caron. Je ne te dirai pas ce qui m’a plu. Le sujet, la qualité des images, la vie palpitante que ce gars GilesCaron et Henri Bureaudevait avoir à plonger au coeur de la mêlée pour en extraire des photos… Peut-être tout ça à la fois… Quoiqu’il en soit, ce fût un déclencheur. J’ai commencé à photographier et squatter régulièrement la salle de bain de la maison pour développer et tirer mes photos!
Quand je serai grand, je ferai comme Gilles Caron! D’ailleurs, je n’ai pas attendu. Dès le lycée, j’étais de toutes (ou presque) les manifs pour faire des photos. Caron dans la tête…
Je te joins des images que j’ai faites, dans les années 70. J’ai numérisé il y a quelques temps deux trois négatifs retrouvés par hasard. Il faudrait que je retrouve le reste. Certaines valent le coup.
Ci-dessous, tu verras Bernard Lavilliers. À la maison des sports de Clermont-Ferrand. Si tu regardes bien les photos, tu comprendras que j’étais à la même hauteur que lui. J’étais sur la scène! Même que sur une, il me regarde! Je ne sais comment j’ai fait, je ne me souviens plus! Comment la sécurité n’a pas dégagé manu-militari ce morveux! Mais toujours est-il que j’étais sur la scène  EN-TRE-LES-BA-FFLES. Je n’avais pas froid aux yeux à l’époque… Tous les potes du bahut qui étaient au concert m’ont vu. Je te dis pas le succès le lendemain au garage à vélo!
Les deux autres photos ont été faites à l’occasion d’une manifestation des paysans du Larzac qui montaient à Paris à pieds. Il y avait Aguigui Mouna. Un Anar parisien bien connu des manifs à l’époque…

Je me souviens d’une que j’ai faite dans un défilé à l’occasion de la venue de Giscard à Clermont. Il était aux finances, je crois bien, à l’époque. J’ai des CRS courant matraque en l’air derrière des manifestants, avec au-dessus d’eux, sur le mur d’un immeuble, une publicité 4×3 « C’est déjà Noël chez Lévitan« ! Si je la retrouve, je la scanne et te la montre sur le blog!

J’avais dans les 15-16 ans. Et un Praktica nova IB.

Puis la vie m’a fait passer  le rêve de faire « mon Caron » . Mais ce qui est certain, c’est que depuis cette époque, depuis ce magazine tombé par hasard entre mes mains, la photo est mon langage.

Photographier tout ce qui bouge. Ou pas… avec Gilles Caron toujours présent dans un coin de mon cerveau.

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